Note : ce texte n’est qu’un rapide résumé de la vidéo, beaucoup plus détaillée, que je vous invite à regarder. Vidéo ayant elle-même pour objectif de vulgariser et résumer, donc forcément certains détails ou subtilités ne sont pas abordés. Une journée complète n’y suffirait sans doute pas, tant le sujet est vaste et complexe.
Vous êtes-vous déjà demandé d’où viennent les notes de musique que nous connaissons ? Pourquoi y a-t-il 12 sons différents dans une octave (ou 12 touches de piano), et pas un autre nombre ? Comment bien accorder un instrument pour que ça sonne juste, et pourquoi ça sonne faux sinon ?
David Louapre, de la chaîne YouTube Science Étonnante, en partenariat avec Vled Tapas et sa chaîne Le Set Barré, entreprend dans cette vidéo magistrale de reconstruire entièrement la musique − rien de moins ! − à partir de principes physiques simples. L’occasion de parler d’harmoniques, d’intervalles purs, de tempérament et des nécessaires compromis qui ont dû être trouvés dans l’histoire de la musique, y compris en termes de composition et de goûts !
En effet, vous apprendrez en regardant la vidéo que 12 quintes pures successives (un intervalle qui sonne particulièrement bien) correspondent presque à 7 octaves pures (un autre intervalle qui sonne juste). On appelle cela le « cycle des quintes », que l’on représente souvent par un cercle. Au bout de 12 notes différentes, nous rebouclons presque sur la note de départ. C’est pourquoi notre musique occidentale est basée sur ces 12 notes.
Mais un problème se pose : le « presque ». Le rebouclage n’est en fait pas parfait. Lorsqu’on a fait tout le tour du cycle des quintes, on arrive sur une note légèrement différente de la première. On pourrait se dire que ce n’est pas si grave, mais cette petite différence s’entend énormément (je vous renvoie à l’exemple sonore dans la vidéo à 10’06), même pour une oreille peu exercée, à tel point qu’on surnomme cette fausse quinte la « quinte du loup ».
Dans ce système utilisé jusqu’au Moyen-Âge environ, appelé « accord Pythagoricien », la quinte du loup a été placée entre des notes peu utilisées à l’époque (la bémol − mi bémol). Ce compromis permet d’avoir de belles quintes pures sur les autres notes, mais en contrepartie les compositeurs devaient éviter le loup à tout prix en restant plus ou moins dans les mêmes tonalités. Autre problème, la tierce majeure sonne faux : 4 quintes pures sont presque égales à 2 octaves pures + une tierce majeure pure. Presque… On évitait donc la tierce à cette époque, et la musique médiévale est surtout construite autour des quintes, des octaves ainsi que des quartes (un autre intervalle pur dérivé de la quinte et de l’octave).
Un autre système est apparu ensuite pour améliorer la justesse des tierces : le « tempérament mésotonique ». Cette fois on se base sur la tierce majeure pure, et on rend « un peu fausse » chaque quinte du cycle en contrepartie. La tierce devient un intervalle juste et les compositeurs l’utilisent beaucoup plus, à l’inverse de la quinte « vide » qu’on cherche plutôt à éviter. Mais ce système n’est pas parfait non plus car il y a toujours un loup (et quand il y a un loup, c’est flou, nous disait Martine Aubry).
Notre système moderne est basé sur un « tempérament égal », où tous les intervalles sont un peu faux, mais suffisamment peu pour que ça sonne relativement bien. Et, surtout, le loup n’existe plus car le décalage a été réparti équitablement entre toutes les notes. L’avantage est que les compositeurs ont une plus grande liberté, toutes les tonalités sonnent bien et peuvent être utilisées. L’inconvénient est que toutes les tonalités sonnent pareil, elles n’ont plus chacune leur coloration particulière. Une histoire de compromis, encore une fois.
D’autres tempéraments ont été expérimentés entre temps, chacun avec ses avantages et ses défauts : vous l’avez bien compris, un système parfait où tous les intervalles à la fois sont justes est strictement impossible.
La vidéo aborde également rapidement la question de la musique « micro-tonale », c’est-à-dire basée sur des divisions plus petites que le demi-ton que nous utilisons au quotidien : des gammes à 19 sons, 22 ou 24 par exemple. Certains courants de la musique contemporaine occidentale (22’52), mais également la musique indienne (22’19) ou arabe (21’51), sont basés sur cette famille de systèmes. Vous pourrez même entendre un exemple de Radiohead (23’34).
En conclusion, « jouer juste » sera toujours une histoire de moins mauvais compromis possible, quoi que l’on fasse. Mais ce n’est pas une raison pour baisser les bras !
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