Il n’est pas toujours facile de débuter un nouvel instrument, surtout un instrument comme le violon qui véhicule tout un tas d’a priori négatifs : « l’instrument le plus difficile du monde », « c’est très moche au début, Jean-Kylian va nous casser les oreilles à la maison », et autres joyeusetés…
Alors, certes, le violon et l’alto sont deux instruments exigeants, je ne vais pas vous mentir. Comme tout instrument, la difficulté est réelle et demande un minimum de travail régulier, mais c’est souvent bien loin de la représentation que l’on s’en fait. Et, bonne nouvelle : on peut commencer à tout âge !
Sommaire
1. Commençons par déconstruire les clichés…
2. L’importance d’être accompagné par un professeur
3. Combien de temps travailler au début ?
4. Choisir son instrument : location ou achat ?
5. Ma sélection d’accessoires et partitions indispensables pour bien débuter
Commençons par déconstruire les clichés…
1. Non, ce n’est pas l’instrument le plus difficile du monde. Tous les instruments sont difficiles, sinon ça se saurait ! Simplement, les difficultés ne sont pas les mêmes d’un instrument à l’autre, et elles ne surviennent pas au même moment de l’apprentissage.
Certes, le piano ou la guitare peuvent sembler plus simples au premier abord. Au piano, il suffit d’appuyer sur une touche pour entendre un son, plutôt joli et juste dès le départ. À la guitare, les frettes permettent de jouer toujours juste, sans trop se soucier du positionnement précis de chaque doigt, tant qu’il est dans la bonne « case ». Mais une fois arrivé à un certain niveau, cela se complexifie énormément : au piano, il n’est pas rare d’avoir trois ou quatre « rôles » musicaux répartis entre les deux mains, de très grands accords ou arpèges virtuoses, de grands déplacements des mains, des rythmes complètement dissociés voire incompatibles entre les deux mains (du genre quintolet à la main gauche et triolet à la main droite, pour ceux à qui ça parle…) etc.
La grande différence est que le violon et l’alto sont difficiles tout de suite : on a énormément d’informations et de gestes à assimiler avant de pouvoir jouer « Au clair de la Lune », par exemple. Il faut d’abord apprendre à bien positionner l’instrument, tenir l’archet convenablement, créer et guider son mouvement de manière à produire un joli son… tout ceci peut prendre plusieurs mois. Ensuite, apprendre à positionner les doigts de la main gauche aux bons endroits, sans aucun repère visuel, pour jouer juste, ce qui prend à nouveau plusieurs mois minimum.
Une fois passé ce premier cap, il y a bien sûr encore de très nombreuses choses à apprendre : déplacer la main gauche elle-même pour faire d’autres notes, déplacer l’archet de différentes façons pour élargir la palette sonore, vibrer, aller de plus en plus vite, jouer deux notes à la fois, interpréter la musique et y passer des émotions… Mais disons qu’il s’agit d’une progression normale, qui suit son cours petit à petit. Pas de mauvaise surprise.
2. Non, on ne passe pas forcément deux ans à ne produire qu’un son horriblement laid. Certes, comme je l’ai déjà dit, le démarrage peut être compliqué, et les instruments à cordes frottées sont plutôt ingrats : le moindre petit geste incorrect peut produire un résultat peu gratifiant. Mais, à condition d’être suffisamment exigeant, on peut réussir à produire des sons tout à fait corrects avec l’archet en quelques semaines. Même chose pour la justesse : c’est avant tout une question de travail et d’exigence.
3. Oui, on peut commencer le violon ou l’alto à tout âge. Non, vous n’avez pas raté votre vie si vous n’avez pas commencé à 3 ans comme certains petits prodiges. En général, comme la plupart des conservatoires, j’accepte les élèves à partir de 7 ans. Je fais parfois une exception en prenant un élève dès 6 ans, mais par expérience le résultat n’est pas forcément meilleur à long terme. Commencer plus tôt est possible, mais nécessite une pédagogie spécifique, à laquelle je ne suis pas formé. En revanche, je reçois régulièrement des élèves qui démarrent plus tardivement, 8 ans, 10 ans, 15 ans, ou même des adultes, jeunes ou moins jeunes. Certains avancent très vite, beaucoup plus que les enfants, d’autres ont en effet quelques difficultés : il n’y a pas vraiment de règle générale. Ce qui compte, c’est la motivation et le travail.
Je fais aussi travailler des adultes qui ont appris le violon ou l’alto pendant leur enfance, ont dû arrêter pour raisons professionnelles ou familiales, et reprennent quelques années plus tard, parfois même 40 ans plus tard à la retraite… et c’est possible ! Ils y arrivent, pas toujours aussi bien qu’ils voudraient, et toujours au prix d’un travail régulier, mais ils y arrivent, c’est le principal.
4. Non, le choix du violon ou de l’alto ne vous enferme pas dans la musique classique. D’abord, ce ne serait pas forcément si grave que ça dans la mesure où la musique classique est bien plus vaste qu’on ne le pense, avec une grande variété de courants. Mais ce serait oublier la place de ces instruments dans de nombreuses musiques traditionnelles (celtique, tzigane…), dans le monde du jazz, et de plus en plus dans le monde la variété ou de la pop.
L’importance d’être accompagné par un professeur
Avec la multiplication des ressources en ligne, ebooks, blogs, chaînes YouTube etc. on pourrait être tenté de se lancer en autodidacte. Je ne suis pas convaincu que ce soit la meilleure option, en particulier pour le violon et l’alto.
Tout d’abord, comme je l’ai déjà indiqué, c’est un apprentissage qui peut être long et difficile, et donc entraîner de nombreuses périodes de découragement chez l’élève. Avoir un professeur qui vous encourage pendant ces passages à vide peut être précieux. Votre professeur va également découper l’apprentissage de telle manière qu’aucune marche ne soit trop haute pour vous, à travers des choix d’exercices et de morceaux adaptés à votre niveau.
L’autre point très important est de pouvoir montrer les bons gestes et les bonnes postures corporelles, et les corriger tout de suite en cas de souci. Bien se tenir est primordial pour éviter les douleurs (notamment le mal de dos ou les tendinites), mais aussi pour avoir un joli son et être capable de jouer des choses rapides. Votre professeur pourra tout de suite voir si vous vous tenez de travers, si vous montez l’épaule, si vous êtes crispé(e)… Tout seul, même devant un miroir, c’est beaucoup plus difficile d’en prendre conscience.
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Combien de temps travailler au début ?
L’éternelle question, que l’on soit élève ou parent : combien de temps faut-il travailler à la maison ? Difficile de donner une réponse chiffrée précise qui convienne à tout le monde : cela dépend des facilités et des difficultés de chacun. Mais il y a une chose qui prime sur tout le reste : la régularité.
Travailler tous les jours, ou à défaut le plus régulièrement possible, est la clé pour réussir. Entre un élève qui pratique 1h10 d’un coup le dimanche et rien les autres jours, et un autre élève qui pratique 10 minutes chaque jour sans exception, le temps total cumulé est le même à la fin de la semaine. Mais celui qui travaille 10 minutes par jour aura de meilleurs résultats que celui qui travaille une fois par semaine.
Pour donner un ordre de grandeur, je dirais que si un enfant débutant travaille déjà 10 minutes par jour, c’est bien. Un adulte débutant pourra aller jusqu’à 30 minutes sans problème. Ensuite, l’idée est d’arriver progressivement à travailler à la maison un temps équivalent à la durée du cours : 30 minutes par jour pour un cours de 30 minutes par semaine, 1h par jour pour un cours d’1h par semaine. En préparation de concours de conservatoire ou de recrutement dans un orchestre, il est bien sûr nécessaire d’aller encore au-delà, 2h, 4h voire 6 ou 8h par jour pour les plus motivés.
Dans tous les cas, il est primordial de s’écouter et ne pas aller au-delà de ce que le corps permet : la tendinite est vite arrivée ! Au violon, et encore plus à l’alto, il faut porter l’instrument sur l’épaule, cela fatigue vite au début lorsqu’on n’a pas l’habitude. Il ne faut pas hésiter à faire une petite pause de 5 minutes avant de reprendre son entraînement. L’apparition d’une douleur doit toujours être un signal d’alerte, mais l’idéal est de faire la pause avant d’avoir mal.
En parallèle du temps de pratique, il est important aussi de prendre du temps pour écouter de la musique. De la musique classique, surtout si vous / votre enfant n’avez pas l’habitude d’en écouter en temps normal, mais aussi d’autres styles. Du violon, de l’alto, mais aussi d’autres instruments et de l’orchestre. Tout ceci permet de développer son oreille et sa sensibilité musicale, c’est primordial !
Choisir son instrument : location ou achat ?
Pour un enfant, je recommande systématiquement la location de l’instrument, et ce pour trois raisons :
1. Un enfant choisit parfois un instrument sans être sûr ou sans avoir testé avant, et change d’avis quelques mois plus tard ; vous serez bien content d’avoir simplement à rendre l’instrument, et ne pas gérer une revente, la plupart du temps à perte…
2. Un enfant commence la plupart du temps sur un violon ou un alto de petite taille (1/2, 1/4 voire 1/8 ou 1/16 pour les plus petits). Vous allez donc devoir acheter puis revendre successivement deux, trois, quatre instruments avant d’arriver à la taille adulte. Selon le rythme de croissance de votre enfant, certains instruments vont peut-être faire un an ou deux, d’autres parfois quelques mois seulement en cas de poussée de croissance rapide… La location vous permet de changer de taille très facilement, du jour au lendemain. Une fois arrivé à la taille adulte, la question de l’achat peut ensuite se poser.
3. La location permet d’accéder à des violons ou des altos de qualité supérieure. Combien de fois ai-je entendu des parents d’élèves me dire qu’ils ne voulaient pas louer parce que cela coûte trop cher (15 €/mois chez le luthier avec qui je travaille régulièrement, plus ou moins selon les villes…) et préféraient acheter un instrument à 100 ou 200 € sur Internet. Mais il faut comparer ce qui est comparable : un luthier vous louera un instrument qui vaut 400, 500 € ou même plus. Et si le prix ne fait pas tout, entre un instrument à 100 € et un autre à 500 €, on entend bien souvent une grande différence. Avoir un instrument plus beau et surtout qui sonne mieux, dès le premier cours, est plus valorisant et plus gratifiant pour l’élève, qui sera ainsi plus motivé à travailler. Si l’instrument est de mauvaise facture, malgré ses efforts le son ne sera pas joli et il va vite se décourager.
Pour un adulte, je n’ai pas d’avis tranché, le principal étant d’avoir un instrument d’une qualité correcte dès le début. Pas besoin d’acheter un violon hors de prix pour débuter, bien sûr, mais il faut éviter de tomber trop bas en qualité. Si vous n’avez pas les moyens d’acheter tout de suite, il vaut mieux louer au début et investir plus tard dans un bel instrument.
Dans tous les cas, achat ou location, adulte ou enfant, je recommande vivement de passer par un luthier, qui est spécialiste de ces instruments et vous orientera sur l’instrument le plus adapté pour vous. À moins de vraiment bien connaître, évitez Internet ou les magasins de musique généralistes…
Si vous êtes du côté de Marne-la-Vallée, je vous conseille de vous rendre à l’atelier d’Alberto Comé, à Lagny-sur-Marne (77). À Bourges (18), Ugo Janer vous accueillera en centre-ville. Ils vous proposeront de très beaux instruments à un prix raisonnable, et vous serez toujours bien reçus.
Ma sélection d’accessoires et partitions indispensables pour bien débuter
Pour la plupart des produits listés ci-dessous, vous trouverez des informations plus détaillées en cliquant sur les liens. Je n’indique donc que l’essentiel ici.
Vous aurez tout d’abord besoin d’un pupitre, pour poser les partitions devant vous, à hauteur réglable. Je vous recommande sans hésiter ce modèle, qui est celui que j’utilise au quotidien, léger et pratique.
Pour l’accordeur et le métronome, j’utilise désormais l’application gratuite Soundcorset disponible sur Android ou iOS. Elle est très bien et vous évitera d’acheter un appareil supplémentaire.
Concernant la méthode, j’utilise et recommande celle de Garlej, disponible pour violon ou pour alto. Elle contient de nombreux exercices techniques et quelques morceaux.
Pour les enfants et les ados, je complète avec le recueil de morceaux Stepping Stones, de Katherine & Hugh Colledge, disponible lui aussi pour violon ou pour alto. Je le propose parfois aux adultes, au cas par cas. Cela permet de compléter la méthode de manière plus ludique.
Pour celles et ceux qui n’ont pas de cours de solfège du tout, je recommande au minimum d’étudier la lecture de notes et le rythme :
– pour la lecture de notes, les apprentis altistes peuvent étudier mon Manuel pratique de lecture de notes à destination des jeunes altistes (clé d’ut 3e ligne / clé de sol), conçu spécialement pour apprendre les notes et clés utiles pour l’alto ; les violonistes pourront se tourner vers l’excellent Manuel pratique pour l’étude des clés de sol, fa et ut de Georges Dandelot en débutant naturellement par la clé de sol ;
– pour le rythme, quel que soit l’instrument, sans hésiter Georges Dandelot à nouveau : rythme volume 1 (binaire) ; je recommande l’étude également du volume 2 (ternaire) en parallèle, et non à la suite du volume 1, mais peut-être pas dès le début non plus.
Ces ouvrages très pratiques vous permettront de maîtriser la lecture des notes et du rythme, indispensables à tout bon musicien. Libre à vous ensuite d’enrichir et compléter avec d’autres ouvrages sur la théorie, l’histoire, l’analyse, l’harmonie… au fil des années.
Retrouvez ces partitions et bien d’autres dans ma boutique en ligne. N’hésitez pas à me contacter pour des questions ou conseils.
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Bonjour et merci pour vos explications. Je démarre l’alto à 57 ans et vos commentaires me réconfortent ! Karine.
Merci pour votre message, Karine, et bravo d’avoir choisi l’alto ! C’est un très bel instrument et j’espère que cela vous apportera de la joie 🙂
Bonjour pourriez-vous me dire quelle est la différence entre un violon et un alto?
Merci
Bonjour,
L’alto est le grand frère du violon. Très semblable, il se joue lui aussi debout, posé sur l’épaule, mais il est légèrement plus grand (quelques centimètres de plus). Cela lui permet de faire des sons un peu plus graves que le violon, et d’avoir une sonorité plus large, plus chaleureuse. Le violon est à l’inverse un peu plus aigu et brillant, il sonne plus « clair » en général.
Vous pouvez par exemple regarder cette vidéo, le violon est à gauche et l’alto à droite, on entend bien la différence.
Belle journée,
Nicolas